Comment sortir d’une surcharge de travail quand on n’a pas le choix ?
09 h 07 — DG : « Peux‑tu juste relire la note pour midi ? »
10 h 22 — Com interne : « On veut ton avis final, ça ferait mieux. »
11 h 40 — Fournisseur : « Si on ne confirme pas aujourd’hui, on perd le créneau. »
Tu souffles trois fois : j’ai pas le choix. Le soir, tu rattrapes. Le week‑end, tu “finis”.
Si tu te demandes « Comment sortir d’une surcharge de travail quand on n’a pas le choix ? », la réponse passe par ta bande passante réelle et la façon dont tu deviens le goulot d’étranglement sans t’en rendre compte : ta charge/capacité déborde, la dette opérationnelle et le backlog grossissent, les coupures de réunion manquent, ton temps protégé (focus time) s’évapore, et sans rituels ni charte d’équipe, ta file d’attente explose. Ajoute à ça l’absence de politique « pas d’urgence après 17 h », et tes soirées partent en fumée.
Pourtant, si on met l’émotion sur pause 30 secondes… qui t’oblige vraiment ?
Une directive écrite ? Un SLA avec pénalité ? Une obligation légale ?
Ou bien… une habitude, un réflexe d’aider, la peur de décevoir ?
Moment charnière (30 secondes qui changent la journée)
Inspire → expire.
Demande‑toi : « Si je ne le fais pas maintenant, qu’est‑ce qui arrive de concret aujourd’hui ? »
S’il n’y a ni blocage opérationnel, ni obligation écrite, ni risque légal, tu n’es pas face à un “pas le choix”… tu es face à un choix.
C’est ici que tout se joue. Le but n’est pas de devenir inflexible, mais de filtrer avant d’entrer le doigt dans l’engrenage.
Pour rendre ce tri simple et rapide, utilise le même petit parcours décisionnel, à chaque demande. Il tient en 7 questions — tes filtres anti‑engrenage.
Pourquoi les « pas le choix » s’accumulent (même chez les bons)

Ce n’est pas que tu es désorganisé… c’est que tu es engagé. Et cet engagement te joue parfois des tours :
- Curiosité (« je veux savoir ce qui se passe ») → tu t’abonnes à trop de boucles et tu ouvres des dossiers qui ne sont pas à toi.
- Envie d’impact (« si j’entre, ça ira plus vite ») → tu rajoutes une couche de travail « pour aider », que tu finis le soir.
- Difficulté à faire confiance (« ça ne sera pas aussi bon que moi ») → tu reprends, tu repousses la remise, tu perfectionnes.
- FOMO opérationnel (peur de manquer un risque) → tu dis oui « au cas où », sans preuve d’obligation.
- Identité de personne fiable (secours permanent) → tu réponds tout de suite pour protéger ta réputation.
Antidotes express (mappés aux filtres)
- Curiosité → Preuve écrite + Fenêtre : je lis à 15 h 30, pas maintenant ; si pas d’écrit, je laisse passer.
- Envie d’impact → Coût d’opportunité : si aider maintenant me fait rater un livrable clé, je décale ou je propose une autre plage.
- Difficulté à faire confiance → Seuil “assez bon” : 3 critères, puis on publie ; ajustements mineurs demain.
- FOMO → Risque réel aujourd’hui : pas de P1 (légal/sécurité/opération bloquée) → pas d’urgence.
- Identité « toujours dispo » → Règle coucher du soleil + règles de service : après 18 h, aucune décision non réversible ; « urgent » = appel seulement.
Si ce passage te parle, pose-toi cette pierre blanche personnelle : « Je n’entre que là où une preuve et un risque réel aujourd’hui existent ; sinon, j’annonce ma fenêtre. »
Les 7 filtres anti‑engrenage (à passer avant de dire oui)
- Preuve écrite. Y a‑t‑il un courriel / une note / un ordre du jour avec responsable + échéance ?
→ Non = scénario, pas obligation. - Risque réel aujourd’hui. Si tu ne le fais pas aujourd’hui, existe‑t‑il : risque légal / sécurité, pénalité contractuelle, client / opération bloqué ?
→ Sinon : c’est de l’inconfort, pas une urgence. - Mon rôle le requiert‑il ? Est‑ce mon mandat explicite aujourd’hui ?
→ Si tu n’es pas le responsable nommé, ne t’auto‑désigne pas. - Fenêtre de traitement. Si ce n’est pas P1, quand je le prends (ex. 11 h 30 / 15 h 30) ?
→ Écrire la fenêtre te protège. - Coût d’opportunité. Dire oui maintenant = je sacrifie quoi (livrable clé, engagement pris, énergie) ?
→ Si le coût > bénéfice, diffère. - Seuil « assez bon ». Trois critères max (ex. 1 page, clair en 5 min, décision possible).
→ Sans seuil, le perfectionnisme te dévore. - Règle « coucher du soleil ». Aucune décision non réversible après 18 h.
→ Les soirées qui s’étirent alimentent la fatigue et l’épuisement.
Pierre blanche d’équipe (à afficher) : Un P1 = conformité/sécurité, client interne/externe bloqué maintenant, ou directive exécutive écrite due aujourd’hui. Tout le reste passe dans nos fenêtres (ou asynchrone).
Tes règles personnelles de service (claires, visibles)

- Courriel : réponse sous 24–48 h (file d’attente explicite = moins de re‑lances).
- Chat : traité dans mes fenêtres d’interruptibilité (11 h 30, 15 h 30) — véritables coupures de réunion.
- Focus time / temps protégé : 2 blocs/jour (ex. 9 h 30–11 h, 14 h–15 h 30) annoncés.
- Urgent = appel (si et seulement si P1).
- Politique « pas d’urgence après 17 h » : après 17–18 h, lecture passive, aucune décision non réversible.
(Les statuts/rituels de disponibilité et le temps protégé réduisent la fragmentation et la dette opérationnelle — bénéfices mesurés en contexte réel.)
« Faillit‑on si on ne le fait pas ? » — version bureau
|
Demande |
Risque si non fait aujourd’hui |
Verdict |
|
Relire une note « pour avis » |
Image / préférence |
Pas P1 → fenêtre 15 h 30 |
|
Ajouter un point hors ODJ |
Inconfort |
Pas P1 → prochain comité |
|
Bon de commande bloquant |
Opération à l’arrêt |
P1 → on traite |
|
« Viens au cas où » (réunion) |
Aucun |
Non → demander CR |
|
Texte com à peaufiner |
Aucun risque légal |
Assez bon → publier |
Scripts d’esquive polie (prêts à coller)
DG pressé, pas d’écrit
« Pour traiter ce matin, j’ai besoin d’une échéance écrite et du responsable nommé. Sinon je le prends à 15 h 30 en protégeant [livrable X]. Tu confirmes ? »
Fournisseur insistant
« Je n’engage pas de décision après 18 h. Si l’échéance est réelle et écrite, envoie‑la. Sinon, je confirme demain 11 h 30. »
RH « important pour bientôt »
« Important, oui. Obligation légale aujourd’hui ? Si non, je le prends dans ma fenêtre 11 h 30 et je confirme la date de dépôt. »
Com interne perfection
« Nos 3 critères “assez bon” sont cochés (1 page, clair en 5 min, appel à l’action). On publie maintenant; micro‑ajustements demain. »
Réunion « au cas où »
« Je ne viens pas aujourd’hui. Envoie le compte‑rendu. S’il reste une décision, on bloque 20 min demain. »
Auto‑protection soir/week‑end
« Je suis hors ligne jusqu’à lundi 9 h. Si — et seulement si — c’est P1 (conformité/sécurité/activité à l’arrêt), appelle. Sinon, je traite lundi 11 h 30. »
Nouveau : aider tes collègues à s’auto‑gérer (sans imposer tes choix)

1) Demande en 3 champs (toujours)
- Intention (1 phrase)
- Plage de temps (ex. mer PM → ven AM)
- Seuil « assez bon » (3 critères)
→ Ils planifient selon leur réalité (tu n’imposes pas ta fenêtre).
Exemple (Finance → Com)
« Intention : que la note soit publiable pour le comité. Plage : jeu PM → ven AM. Assez bon : 1 page, clair en 5 min, CTA. OK de dire non ou proposer une autre plage si tu n’as pas la bande passante. »
2) « Menu de service » perso (capacité lisible)
Ce que je traite • Délais usuels (retour court 24–48 h / analyse 3–5 j) • Fenêtres • Exceptions (vrai P1).
→ Chacun gère sa file, pas la tienne.
3) Signal « feu tricolore » de capacité (information, pas contrainte)
Vert : je peux prendre 1–2 demandes • Jaune : capacité limitée, propose une plage • Rouge : pas de prise cette semaine; suggère une semaine alternative.
4) Réponse par options (tu offres, l’autre choisit)
A) je traite ven AM • B) retour minimal demain 15 h 30 • C) je passe mon tour, tague‑moi si ça bloque.
5) « OK de dire non » explicite
« C’est OK de dire non ou de proposer une autre plage si tu n’as pas la bande passante. »
6) Alternatives sans réunion
Note 1 page + commentaires d’ici ven 10 h, ou mémo vocal 3’.
→ Tu n’occupes pas leurs créneaux « maker ».
Carte « STOP‑DOING 5 » (à garder à vue)
- Valider « par réflexe ».
- Dire oui sans fenêtre annoncée.
- Ouvrir un doc après 18 h.
- Répondre « urgent » sans preuve écrite.
- « Juste jeter un œil » avant de fermer.
FAQ
Q1. Comment reprendre de la bande passante quand tout arrive en même temps ?
Annoncer tes fenêtres et tes focus time crée des coupures de réunion et redonne du temps protégé. Utilise la Demande en 3 champs pour que les autres respectent ta capacité.
Q2. Je suis devenu le goulot d’étranglement de l’équipe, que faire sans parler de délégation ?
Applique les 7 filtres + la politique « pas d’urgence après 17 h ». Beaucoup de “urgences” sont de l’inconfort : traite‑les dans ta file d’attente (fenêtres) au lieu d’absorber la dette opérationnelle le soir.
Q3. Backlog qui grossit : comment l’endiguer ?
Ajoute un seuil “assez bon” à chaque livrable (3 critères) pour publier plus vite, réduisant la dette et le backlog.
Q4. Comment faire respecter ça au niveau équipe ?
Formalise une charte d’équipe : définition d’un P1, coupures de réunion, focus time, politique pas d’urgence après 17 h, rituels de clôture (Qui fait quoi / Pour quand / Quand on se reparle).
Q5. Et si un vrai P1 survient ?
Traite‑le par appel immédiat. Puis reviens à ta file d’attente normale pour éviter un nouvel empilement.
Plan en 7 jours (léger, mais réel)

- J1 : Écris tes règles de service (latence, fenêtres, 18 h).
- J2 : Pose la pierre blanche P1 (définition commune).
- J3 : Publie ton menu de service + feu tricolore.
- J4 : Utilise 2 scripts d’esquive polie.
- J5 : Envoie 3 demandes en 3 champs (intention, plage, assez bon).
- J6 : Propose une alternative asynchrone à une réunion.
- J7 : Rétro 15 min : qu’est‑ce qui a réduit ta charge et respecté celle des autres ?
Indicateurs (30–45 jours)
- Soirs/week‑ends travaillés ↓
- « Oui par réflexe » ↓
- % de demandes reçues avec plage / assez‑bon ↑
- Livrables finis/semaine ↑
- Stress perçu (baromètre 3 Q) ↓
Références (sélection synthétique)
- Attention residue (reprise plus lente après bascule) : Leroy, S. (2009), Organizational Behavior and Human Decision Processes.
- Interruptions : vitesse ↑, stress/frustration ↑ : Mark, Gudith & Klocke (2008), CHI Proceedings.
- Disponibilité visible → interruptions ↓ : Züger et al. (2017), étude terrain multi‑sites, CHI EA (réduction d’interruptions rapportée).
- Jours sans réunions : productivité/stress : Laker et al. (2022), MIT Sloan Management Review.
- Après‑heures & épuisement émotionnel : Tedone et al. (2022), recherches sur l’usage d’emails hors heures et la fatigue.
Prêt·e à sortir d’une surcharge de travail quand “tu n’as pas le choix” ?

On structure ta bande passante, on supprime les goulots d’étranglement, on installe temps protégé / focus time, coupures de réunion, charte d’équipe et politique « pas d’urgence après 17 h » — sans ajouter de complexité.
👉 Planifie ta session stratégique dès maintenant : on rédige tes règles de service & ton menu, on pose ta pierre blanche P1, et tu repars avec 6 scripts prêts à coller.
À bientôt,
L’équipe Taago
Blogue
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