Prendre du temps pour l’équipe : perte de temps ou levier de performance ?

L’autre matin, j’arrive un peu plus tôt à un rendez-vous chez un client. Dans la cuisine commune, je croise Martin*, un gestionnaire que j’accompagne depuis quelques mois. Il est appuyé contre le comptoir, café dans une main, téléphone dans l’autre, les yeux rivés sur son écran. Rien qu’à sa posture, je vois qu’il est déjà dans le feu de l’action.

— Salut Martin, comment ça va ?
— Ouf… gros sprint cette semaine. J’ai annulé notre rencontre d’équipe. On avait trop de livrables à sortir.
— Ah… et pourquoi l’annuler ?

Il soupire longuement, repose son café sur le comptoir et me lance :
— Franchement, ces rencontres-là… c’est du pelletage de nuages. On perd notre temps à parler au lieu d’avancer. On sait tous ce qu’on a à faire, non ?

Puis il enchaîne, comme s’il avait besoin de justifier sa décision :

— Tu sais, on est dans une période où chaque heure compte. Si on se met à faire des “réunions d’équipe” juste pour discuter de comment on travaille ensemble, on prend du retard sur nos livrables. Et puis, ce genre de discussion… c’est flou. Ça ne donne pas de résultats immédiats.

En creusant un peu, je réalise que Martin n’est pas toujours à l’aise dans ce type de rencontre.
Il se sent souvent pris entre l’arbre et l’écorce : d’un côté, la pression des délais et des résultats à livrer, et de l’autre, le besoin de consacrer du temps à améliorer le travail d’équipe.
Il craint que ses interventions ne soient pas efficaces, que la discussion parte dans tous les sens, et que l’équipe ressorte avec plus de paroles que d’actions.

Comme beaucoup de gestionnaires, Martin vit dans un tourbillon : les échéances qui se rapprochent, les courriels qui s’accumulent, les demandes de dernière minute qui bousculent les priorités. Dans son esprit, prendre du temps pour parler de la dynamique et de la qualité du travail d’équipe, c’est ralentir la machine. Ça ne « vaut pas la peine » quand il y a des livrables urgents.

Je l’écoute, et je comprends son raisonnement. Après tout, tout semble bien fonctionner en surface : les projets avancent, personne ne se plaint, les objectifs sont (presque) atteints. Mais ce qu’il ne voit pas, c’est que pendant que la machine tourne à plein régime, de minuscules grains de sable s’accumulent dans les rouages du travail d’équipe.

Des processus qui s’alourdissent, une communication qui devient moins fluide, des signes de fatigue que personne ne verbalise. Rien d’urgent… jusqu’au jour où tout se grippe.

Pourquoi les gestionnaires évitent ces conversations sur le travail d’équipe

Derrière l’excuse du manque de temps, il y a souvent 10 raisons bien concrètes :

1. Peur de découvrir un problème qu’ils ne savent pas régler
2. Croyance que “pas de nouvelles, bonnes nouvelles”
3. Manque de temps… ou impression de manquer de temps
4. Peur que ça dérape en chialage collectif
5. Priorités axées sur les résultats, pas sur le climat du travail d’équipe
6. Pas d’outils ou de méthode pour animer ces échanges
7. Expériences passées négatives
8. Croyance que “ça va se régler tout seul”
9. Inconfort avec l’émotionnel
10. Sous-estimation de l’impact

Pourtant, ces moments ne sont pas une perte de temps. Ce sont des investissements dans la santé et la performance du travail d’équipe.

👉Consulte notre mode d’emploi pour aider les gestionnaires débordés à reprendre le contrôle : Mode d’emploi des gestionnaires débordés. 

Comment intégrer ces discussions sans “perdre du temps”

Améliorer la dynamique d’équipe ne veut pas forcément dire partir en activité de team building coûteuse ou organiser un lac à l’épaule. Bien sûr, ces initiatives peuvent être utiles, mais la vraie clé est d’en faire un véritable projet d’amélioration continue du travail d’équipe. L’objectif est d’impliquer chaque membre dans un processus simple, régulier et concret.

Une approche efficace consiste à instaurer de courtes pauses structurées, comme on le fait pour la sécurité au travail : de petits « 5 minutes » réguliers pour discuter de ce qui fonctionne bien dans le travail d’équipe, des obstacles rencontrés et des ajustements possibles. C’est un format léger, mais qui envoie un message fort : la qualité du travail d’équipe est un enjeu prioritaire.

Mettre en place ce type de démarche peut sembler difficile au départ, surtout si l’on ne sait pas comment structurer les échanges. C’est là qu’un accompagnement externe et neutre peut être précieux pour guider la conversation, poser les bonnes questions et instaurer un climat de confiance.

Pour démarrer :

Commence petit : 5 minutes en début de réunion avec trois questions clés :

• 1. Qu’est-ce qui te facilite la tâche en ce moment ?
  2. Qu’est-ce qui te ralentit ou te fatigue ?
  3. Qu’aimerais-tu voir évoluer dans notre travail d’équipe ?
•  

Montre que ça sert à quelque chose : note les idées, mets-les en action et assure un suivi.

Fais-en un rituel : la régularité renforce la confiance et solidifie la collaboration au sein du travail d’équipe.

👉Pour approfondir la collaboration au sein de ton équipe, découvre notre chronique : Ton équipe collabore… ou fait semblant ?

Le retour sur investissement du travail d’équipe

Prendre du temps pour son équipe, ce n’est pas du pelletage de nuages. Au départ, oui, ça peut faire mal. On expose des irritants, on entend des critiques, on met à jour des zones d’ombre dans le travail d’équipe. C’est parfois inconfortable, voire décourageant. Mais c’est justement ce passage difficile qui prépare le terrain pour la suite.

À moyen terme, ces conversations créent des étincelles très positives :

• Réduire les malentendus : une communication plus claire évite les erreurs coûteuses et les frustrations inutiles.
• Prévenir les crises : en identifiant les tensions et irritants tôt, on évite qu’ils ne se transforment en problèmes majeurs.
• Améliorer la productivité : une équipe alignée et engagée exécute mieux, plus vite et avec moins d’efforts.
• Renforcer la collaboration : des relations de travail solides favorisent l’entraide, l’innovation et l’efficacité collective.
• Fidéliser les talents : un climat sain et constructif retient les meilleurs éléments et réduit le roulement.
• Accroître la capacité d’adaptation : une équipe qui échange régulièrement s’ajuste plus facilement aux changements.
• Créer un sentiment d’appartenance : chaque membre se sent écouté, impliqué et valorisé.

En résumé, ce temps investi aujourd’hui, même s’il pique un peu au départ, permet non seulement de mieux performer demain, mais aussi de bâtir un environnement où le travail d’équipe devient une véritable force compétitive.

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